* * * * * --Calletez, v'la un gnière qui rapplique! Planque toi, contre le bouclard, j'vais l'faire moi-même, et gâfe bien. Si l'gonse se r'biffe prends ta rallonge, on le refroidit! En cas d'pet, on s'déhotte, et randève à la piôle pour le pied. --Une heure et quart d'attente! pas un agent alentour... je ne vois rien comme victime, et la nuit qui s'en va! --Tais-toi, voilà un passant qui vient, prends ton couteau, cache-toi contre la boutique, je vas le dévaliser seul, et surveille bien. S'il se débat, prends ton couteau on le tue! Si les agents s'en mêlent, on se sauve, et rendez-vous à la chambre pour le partage. * * * * * --Tu vas t'placarder lago en quarante? Y passe pas lerch de treppe, tu vas pas dérouiller! --Tu vas t'installer là pour vendre? Il ne passe pas beaucoup de monde, tu ne vas rien faire! Ous qu'est mon culbutant, mon rase-pet, mon gileton? Où qu't'as planqué mon galure?... V'la une floume qui n'a qu'ses frusques dans la bouillote, et qui laisse mes fringues en débine. --Où est mon pantalon, ma veste et mon gilet? Qu'est-ce que tu as fait de mon chapeau?... Voilà une femme qui n'est occupée que de ses toilettes, et qui laisse toutes mes affaires en désordre! --=Qu'est-ce que tu fourgues?= --=De la broquille, aujourd'hui, et du baveux les autres fois=. --=Elle est bath ta camelotte, d'où qu'elle sort?= --=D'un gros siam qu'à fait binel=. --=Quel blot la menée?= --=Nib, j'ai raqué d'un coup de fusil!= --Qu'est-ce que tu vends?--De la bijouterie, aujourd'hui, du savon les autres fois.--Elle est belle ta marchandise, chez qui l'as-tu achetée?--Chez un gros négociant qui a fait faillite.--Quel prix la douzaine?--Rien, je l'ai volée!-- --Je prends la tôle sous un faux blaze, tu feras l'turbin et on s'arrang'ra pour le carme. --Je prends la chambre sous un faux nom, tu feras le travail et on s'entendra pour l'argent. --Y fait rien frichbi dans la piôle!... fais du riff. --Il fait très froid dans la chambre!... fais du feu. --Si je m'jambonnes avec son orgue, j'boirai; il est pus costeau qu'mézigue, mais j'ai pas l'flube! Je l'cherre au kik d'autor, des deux pognes, ou je l'tortouse avec mon blave. --Si je m'bats avec lui, je serai battu; il est plus fort que moi, mais j'ai pas peur! Je le serre au cou d'emblée, des deux mains, ou je l'attache avec mon mouchoir. --=J'vais m'balader dans la cambrousse après la croustille avec une môme gironde, qui a des mirettes et un bécot égnaulants, des pelottes et un prose à en baver... Je ne te bonis que ça.= =Si qu'on trouve une chouette condisse mince... qu'on sera bath pour le petit lubé.= --Je vais me promener dans la banlieue cet après-midi avec une jolie fille qui a des yeux et une bouche admirables. Des seins, des hanches, je ne te dis que ça. Pourvu qu'on trouve une chambre confortable, je crois que je serai heureux. * * * * * =--Cailletez au boniment, la nonzesse du gon entrave=. =--Qu'est-ce que c'est que cette gonzesse-là?= =--Une bonne ferte, elle est entiflée de sec avec sécolle, le roumani qui mène un flouan=. =--Et la misionne lago, entiflée aussi avec tézigue?= =--Gy, mais à la colle de béziers!= --Tais-toi, la femme comprend.--Qu'est-ce que c'est que cette femme-là?--C'est une diseuse de bonne aventure, mariée légitimement avec lui, le romanichel qui tient un jeu d'argent (ou jeu de voleur). --Et la jeune fille ici, mariée aussi... avec toi?--Oui, mais pas légitimement! =--Mets les voiles t'es mordu, passe-moi le pébroque, la lipette a bonne envie de se faire faucher, on va le repêcher un peu plus haut.= --Sauvons-nous, tu es vu, passe-moi le parapluie; le client a envie de se faire prendre son argent, nous le retrouverons plus haut. * * * * * =--Qu'est-ce que tu fricottes maintenant?= =--Monte-en-l'air, j'ai justement un nibé pas trop à la manque dans le ciboulot. Faut démurger une viocque de sa cambriole, y a des talbins dans sa quarante et du jonc planqué dans des vieilles godasses. J'suis d'mèche avec le torchepot qui m'a rancardé.= =--Ben, si t'as besoin d'caroubles, d'sucre de pomme ou d'un p'tit Jacques, mon gniass te les fiqueras.= --Qu'est-ce que tu fais?--Cambrioleur, j'ai une affaire assez bonne dans la tête.--Faut faire partir une vieille de sa chambre, il y a des billets de banque dans sa table et de l'or caché dans des vieilles chaussures. Je suis de moitié avec le domestique qui m'a renseigné. --Si tu as besoin de fausses clefs, d'une pince-monseigneur ou d'une petite pince, je te les prêterai. * * * * * =--Enquille, môme, et boucle la lourde. Patronne un kil et deux gobelets, qu'on s'rince la dalle.= --Entre, enfant, et ferme la porte. Patronne un litre et deux verres que l'on se rafraîchisse le palais. * * * * * =--Allons la catiche, vass au r'file de l'auber que je te raque une liquette, la tienne me débecq'te.= --Allons la fille, donne-moi ton argent que je te paye une chemise, la tienne me dégoûte. * * * * * =--J'entaude de riff à la piôle, et j'décarre pas d'icicaille avant qu'ton gniasse ait été au r'file de la galtouze!= --J'entre de force dans la maison, et je ne pars pas d'ici avant que tu m'aies donné l'argent! * * * * * =--Tu t'esbignes du patelin?= =--Ah! gy alors! j'en ai marre de la cambrousse.= =--Où qu'tu t'tires?= =--À Pantin! Tu radines avec mézigue?= =--Ça colle, y a qu'Pantruche pour turbiner sans dèche.= --Tu t'en vas du pays? --Ah! oui alors, j'en ai assez de la campagne.--Où t'en vas-tu?--À Paris! Tu viens avec moi?--Ça va, il n'y a qu'à Paris où l'on puisse travailler sans ennui. * * * * * =J'ai les crocs, et j'suis sans un, je m'taperais bien l'chou pourtant.= =--Allons, vieux fiass, amènes-toi, on morfille à 11 plombes dans cette piôle... six bourgues la porcif.= =--Qu'est-ce qu'on briffe?= =--Une semelle aux musiciens.= =--Qu'est-ce qui raque?= =--Mézigue... à la paire.= =--Gy! Mais si on fait l'piôlier au Saint Jules, il peut jacter sur nouzailles au quart?= =--J'men tamponne les châsses, il a pas mon centre, j'suis paré.= --J'ai faim et je suis sans un sou, je mangerai bien pourtant.--Allons! viens vieux frère, on mange à 11 heures dans cette maison, et pour six sous la portion.--Qu'est-ce qu'on mange?--Un bifteck aux haricots.--Qu'est-ce qui paye?--Moi, en me sauvant!--Mais si on se sauve sans payer, le patron causera sur nous au commissaire?--Je m'en moque, il n'a pas mon nom, je suis à l'abri. * * * * * =--Tu dévides le jars?= =--Comme dabe et dabuche, mais j'entrave que dal à ce que m'bonis técolles!= --Tu parles l'argot?--Comme père et mère, mais je ne comprends rien de ce que tu me dis! * * * * * =--J'viens d'tirer deux piges pour la mornifle et tézigue?= =--Moi j'suis en trique icigo, pour cinq berges.= --Je viens de faire deux ans de prison pour avoir fabriqué de la fausse monnaie, et toi?--Moi, je suis sous la surveillance de la police ici, pour cinq ans. * * * * * =--Me voilà de la zone... je vais pioncer sur les louarfs, il n'y a que le champigneul--Il ne bonit que dal si tu l'affranchis avec un guindal.= --Me voilà sans abri, obligé de coucher sur les fortifications, il n'y a que le garde-champêtre.--Il ne dira rien si tu lui offres une consommation. * * * * * =--S'y t'faut un costeau pour serrer les mecs à la dure pense à mézigo!= S'il te faut un homme solide pour taper sur quelqu'un pense à moi! * * * * * =--Mon pauv' vioc, j'ai douze sappements; au treizième, j'y coupe pas, j'vas me laver les pieds!= --Mon pauvre vieux, j'ai douze condamnations, à la treizième, je serai condamné à la relégation. * * * * * =--Qu'est-ce que t'affure sur ton bobino?= =--Mèche et méchillon.= --Quel bénéfice as-tu sur ta montre? --Le double et un quart. =--J'la crève, viens-tu prendre un glace chez l'bougnat?= =--Qu'est-ce que tu t'enfiles: une pure, une almazone, une tomate, une hussarde ou une mominette?= =--Un guindal de pivois sans lance.= --J'ai soif; viens-tu prendre une consommation chez le charbonnier? Qu'est-ce que tu bois: une absinthe pure, une gommée, avec grenadine, très forte ou un petit verre d'absinthe? --Un verre de vin sans eau. * * * * * * * * * * =--Faut s'débâcher pour aller grater, y aurait qu'tringle à becqueter dans la carrée, si j'allais pas aux épinards c'matois, mon choléra ressauterait et les salés gueuleraient au charron pour l'artif. C'est assez qu'hier, j'suis revenu carton.= --Faut que je me lève pour aller travailler, car il n'y aurait pas de quoi manger dans la maison, si je ne touchais pas d'argent ce matin, ma femme crierait et les enfants demanderaient du pain. C'est assez qu'hier je n'en ai pas touché. * * * * * Les camelots ou les chanteurs au coin des rues, crient souvent à leurs compères: =--Cavale! cavale! v'la une pestaille!= --Sauve-toi! sauve-toi! voilà un agent de la Sûreté. * * * * * Camelots, rue du Croissant: =--Quel blot, qu'on raque le papelard?= =--Laranque et mèche, pour solir un rond, ça fait la culbute quoi.= =--Si j'turbine, on marche au fad' much'?= =--Gy!= =--Qu'est-ce qu'on bonit?= =--Un vanne à la manque, pour faire casquer le treppe. On cavale au louf!= --Combien paye-t-on le papier? Deux francs cinquante, pour vendre un sou, ça fait la moitié de bénéfice. Si je travaille on partage?--Oui!--Qu'est-ce que l'on annonce?--Une fausse nouvelle pour faire acheter le public. On court comme des fous. * * * * *