Nicot, Thresor de la langue francoyse</font
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de respect et dignité en l'homme. Et partant et les Philosophes,
et les Rois l'ont portée et nourrie de tout temps. Et les adoptions
ou affiliations estoient anciennement celebrées et faites par
attouchement de la barbe du pere adoptant. Nicole Gilles en la vie de
Clovis, Alaric Roy des Wisigots feit feintement alliance au Roy Clovis, et
par l'attouchement de sa barbe, selon la coutume ancienne, l'adopta son
fils, et l'institua son heritier, par ce qu'il n'avoit nul enfant. Aussi
en temps de dueil public, on la mettoit bas au temps jadis, comme recite
Suetone, In Caligula. Dont les Portugais en temps de dueil par
mort, font l'opposite, car ils la laissent croistre sans culture, l'an de
dueil durant.
La barbe qui commence à venir, Barbe follete, Lanugo, Prima
barba, Incipiens barba.
Qui n'a point encore de barbe, Imberbis, Inuestis.
Barbe de chevre, Aruncus.
La barbe d'un coq, Palea.
Barbe fort longue, Promissa barba, vel immissa, Longa.
Commencer à avoir barbe et devenir homme, Pubescere.
¶ Faire à Dieu barbe de foarre, Praua religione Deum
solicitare.
Barber, est faire la barbe, Tondere, Radere, Abradere, Demere
barbam. Vnde Barbier, Tonsor, et esbarber, oster la barbe.
Esbarbé, Impubes.
Ils faisoient la barbe et les cheveux à leur pere, Tondebant
barbam et capillum patris.
Mettre en barbe à aucun, voyez Teste, en la locution,
Mettre en teste. Opponere. Liu. lib. 23.
¶ Une herbe appelée barbe de bouc, Come, Tragopogon,
Hirci barba.
¶ Barbes, Maladie et pustules qui viennent és langues des
chevaux, Ranae, ranarum.
barbet
Barbet, Barbatulus.
Barbette, Barbula.
barbu
Barbu, Barbatus.
barbier
Barbier, Tonsor.
Un Barbier rait l'autre, Tonsores inter se rasitant.
L'ouvroir d'un Barbier, Tonstrina.
Barbiere, Tonstrix.
barberousse
Barberousse, AEnobarbus.
barbeau
Barbeau, Poisson de riviere, Barbus, sic enim vocat Ausonius In
Mosella, his verbis, Laxos exerces Barbe natatus, Mullus barbatulus.
barbillon
Barbillon, petit barbeau, Mullulus, Barbulus.
barboter
Barboter de froid ou de paour, Horrere frigore vel pauore, Mento
tremere vel trepidare, Crepitant mihi dentes prae frigore.
barbote
Barbote, Espece de poisson fort semblable à une lote, Barbota.
barboter
Barboter quelques paroles entre les dents, Mutire, Mussare.
barbotine
Barbotine, Absinthium marinum, siue Seriphium. Aucuns l'appellent mort
aux vers.
barboüiller
Barboüiller, Maculare, Commaculare, Inquinare.
barbue
Barbue, Poisson, Rhombus laeuis, passer. Vide Plinium, lib. 9. cap.
10.
barbute
Barbute, Baccula, Epistomium, En ancien langage Barbutes estoient hommes
d'armes, ainsi appelez pour l'habillement de teste à mantonniere
qu'ils portoient. Et le Florentin en usoit jadis en cette mesme
signification, disant Barbuté en pluriel, huomini d'arme, voyez
Landin, en son commentaire, Sur le paradis de Dante. Barbute aussi est un
habillement de teste fait en façon de Domino, masqué et non
masqué, qu'on porte par les champs l'hyver, quand il fait grand
froid, vent verglassant, ou quand il neige.
barcelonne
BARCELONNE, Ville principale de Catalongne en Espagne, Barcino, voyez
Barselonne.
barcha
BARCHA, region d'Afrique, Marmaricha.
bardane
Bardane, Allobrogibus, Punaise, Cimex.
Une herbe appelée Bardane et Lappe majeur, Personata.
bardeau
Bardeau à couvrir maisons et aisselles, Scandula, scandulae.
bardes
Bardes de chevaux, Phalerae, phalerarum, Cataphrama, Lorica equina.
barder
Barder, Phalerare.
Bardé, Phaleratus.
barguigner
Barguigner, Disceptare de pretio.
Barguigneur, Disceptator.
bariquelle
Bariquelle, Linter, lintris.
barlong
Barlong, m. acut. Est dit ce dont la longueur n'est en tout endroit
egale, Alia parte longior. Ainsi dit-on un vestement estre barlong,
quand il est plus long d'un costé que d'autre. On le pourroit rendre
par cestuy Grec, hétéromêkês. Il est composé
de Bar, diction empirant le mot auquel elle est jointe, et long, voyez
Bar, et Barlue.
Barlongue, f. penac. Altera parte longior, comme, Cette robe est
barlongue, c. plus longue d'un costé que d'autre, hétéromêkês,
non ja en la sorte que les geometriens le prennent.
barlue
Barlue, f. penacut. Se prend pour une offuscation des yeux, qui fait que
l'oeil ne peut discerner l'une chose de l'autre Caecutitio, s'il le
faut ainsi dire, comme, J'ay la barlue, Ego caecutio, Car barlue,
proprement et originairement prins, est une lueur fusque, qui entre-luit en
temps umbrageux et nocturne, que Virgile au neufiéme livre de
l'Eneide, et Horace appellent nox sublustris, ce que Servius
explique, nuit qui a un peu de lueur. L'Italien l'appelle Barlume, par
analogie duquel mot le Francois pourroit dire Barlueur, m. acut. En
cette signification primeraine, le chevalier d'Agneaux audit passage de
Virgile, le rend par nuit entreclaire, le mot est composé de cette
diction Bar, laquelle empire la signification de ce mot inusité, lue,
pour lueur, tout ainsi qu'il fait en cette diction barlong, qui signifie une
chose de longueur inegale, si que barlue, est une lueur imparfaite, voyez
Bar.
barnage
Le Barnage d'un Roy, voyez Bernage.
baron
Baron, m. acut. Soit qu'il vienne du Grec baros, qui signifie
aussi authorité, grandeur et puissance, soit que les Romains en ayent
usé comme de leur creu, ou pour un homme grave et de grande authorité,
comme Antoine de Nebrisse l'explique: ou pour un homme vaillant, fort et
roide (ce que la lettre missive de Ciceron escrite à Attique alleguée
à cette fin par aucuns, ne me peut persuader) soit qu'il vienne du
Latin, Vir, dont descend sans doute, et le mot Varon Espagnol,
et le vocable Baron Picard, Il est tout certain que les anciens Francois en
ont usé differemment, se trouvant ce mot Baron en aucuns anciens
autheurs usurpé pour tout homme noble, et seigneur de tiltre, et
consequemment Baronnie, pour toute la noblesse et assemblée des
vassaux, et gendarmerie d'un Prince, De maniere que quand le Roy haranguoit
pour la bataille, Il concluoit ainsi, Avant mes Barons, qui me rendra mon
ennemy mort ou prins, Je luy croistray son honneur d'une bonne ville: Et en
ses estats generaux, mandemens et assemblées, où estoient
plusieurs Ducs, Marquis, Contes et autres seigneurs et gentilshommes,
parlant à eux en general, disoit ainsi, Seigneurs Barons: Et aussi en
autres autheurs anciens on lit ces mots, Avec le Roy estoient maints hauts
Barons et maints chevaliers et gentilshommes: Et l'autheur de la Toison d'or
parle ainsi, Philippes a institué cette tres-noble compagnie de Rois,
Princes, Barons, et Chevaliers, etc. Et partant il semble que quelque temps
apres le premier dessusdit, par ce mot Barons ont esté entendus les
Seigneurs de tiltre, sans plus, assçavoir, Ducs, Marquis, et Contes.
Tout ainsi que depuis, la signification de cedit mot a esté ravallée
et restrainte aux seigneurs superieurs aux Chastelains, et inferieurs aux
Vicontes, ou bien immediatement superieurs aux Bannerets, et inferieurs aux
Vicontes (comme aucuns asseent les rangs des tiltres feodaux) demeurant
anneanti l'ancien usage d'iceluy. Les droits duquel Baron moderne en cas de
justice, fourches patibulaires, Espaves, et autres plusieurs choses, ne sont
encores semblables en toutes provinces de ce royaume, ains cy plus grands et
cy moindres, comme se peut veoir és pays de Touraine, Anjou, Mayne,
grand Perche, Lodunois et autres. Toutefois la marque plus commune dudit
Baron, est avoir trois Chastellenies, ou deux avec ville close, Abbaïe,
Prieuré Conventuel, ou College, avec Forest enclavées dedans
sa Baronnie, combien qu'aucuns ont laissé par escrit, que pour estre
crée à Baron, Il faut que le Chevalier ou Escuyer, qui apres
avoir longuement servy et suivy les guerres, demande estre fait Baron, ait
la terre de quatre baceles, c'est à dire, de quatre Chastellenies
terriennes, en toute justice et par tant ait terre assez pour tenir
cinquante hommes d'armes, et les Archiers et Arbalestriers qui y
appartiennent pour accompagner sa banniere, et que le Roy à la
premiere bataille, où ledit Chevalier ou Escuyer se trouve, ou bien
le Connestable, ou les Mareschaux, luy couppent les queuës du Pennon
à ses armes qu'il aura apporté, et qu'il se trouve à
une deuxiéme, et acquiere le nom de Banneret, et à la troisiéme
bataille apres il prend le nom et tiltre de Baron. Autres escrivent
autrement, disans que le Chevalier ou Escuyer noble de toutes ces quatre
lignées, ayant la terre de deux Chevaliers ou Escuyers Bacheliers, et
de son patrimoine ou acquis, tant qu'il suffise pour aller accompagné
de quatre ou cinq nobles hommes à douze ou à seize chevaux,
peut licitement demander à son Roy, ou Prince à la premiere
bataille où il se trouvera, ou en un jour solennel de feste, apres le
service divin, estant son-dit Roy ou Prince seant en sa chaire et luy
à genoux, que la queuë de son Pennon soit couppée et fait
Banniere. Ce que luy estant octroyé, il devient Banneret, et que s'il
augmente par apres sa Seigneurie, tant qu'il ait sous luy un Banneret ou six
Chevaliers Bacheliers, chacun de six cens francs de rente, alors il peut,
par le congé de son-dit Roy ou Prince, se nommer et intituler Baron.
Les Moscovites, comme escrit Sigismond en son ambassade de Moscovie: Apres
les Knes, qu'ils entendent pour les Ducs, n'ont autre degré de
noblesse et dignité que les Boiarons, qu'ils prennent pour tous
Chevaliers et gentilshommes, lequel mot symbolise aucunement à nostre
ancien Baron. Les anciens autheurs Italiens, disent aussi Barone et
Baroni, en cette large signification. Et Baronia, que le
traducteur de la guerre de Attila nomme Baronaggio. Si j'ay debatu cy
dessus le lieu de la lettre missive de Ciceron, ce n'est pas pourtant que
les Latins n'ayent usé de ce mot Barones, mais ce a esté
comme de mot Espagnol, et à la facon Espagnole, disant Hircius
Pansa, au premier livre de la guerre Alexandrine, Concurritur ad
Cassium defendendum, semper enim Barones compluresque euocatos cum telis
secum habere consueuerat. Or estoit iceluy Cassius, Gouverneur du pays
d'Espagne ulterieure, où encores aujourd huy ce mot Varon retient
une merveilleuse energie et excellence par dessus cest autre mot Espagnol
Hombre, tout ainsi que vir par dessus homo, envers les
Latins, et envers les Grecs anêr par dessus anthrôpos,
et signifie un homme courageux,
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